Le 6 août dernier, tout juste après les explosions qui ont secoués le port de Beyrouth, Emmanuel Macron s’est rendu au pays du cèdre dans ce que les observateurs ont qualifiés de visite historique. A l’occasion de l’anniversaire de la déclaration du Grand Liban, il a réitéré sa visite démontrant ainsi toute l’importance qu’accorde Paris aux relations bilatérales entre les deux Etats. Assistons-nous à une nouvelle approche diplomatique française au proche orient ? La visite de M. Macron suffira-t-elle à relancer les réformes politiques et économiques libanaises plus qu’urgentes ? Décryptage de la situation avec le Politologue Boris Lefebvre.

La France rejette toute accusation d’ingérence

Bien que le président Français ait déclaré que la seule motivation de sa visite était de sauver le système au Liban et d’aider à l’instauration de réformes politiques et administratives profondes, les puissances régionales voient en cette intervention une totale tentative d’ingérence. L’Iran, le Hezbollah et certaines affiliations en Irak ont tous émis leurs doutes quant à la capacité de la France à résoudre des conflits politico-économiques très complexes.

Ne l’entendant pas de cette oreille, M. Macron est allé très loin dans son initiative. En effet, bien avant sa rencontre avec des officiels libanais et lors du forum Moyen-Orient Méditerranée à Lugano, il a proposé l’idée d’une « souveraineté inclusive ». Celle-ci prône la restauration de l’autorité de l’Etat libanais par le biais de grandes réformes et l’implication de toutes les formations politiques, qui représentent la diversité des identités des populations locales.

Une visite surprise à Bagdad

Alors que personnes ne s’y attendait, le président Emmanuel Macron s’est rendu à Bagdad tout de suite après son court séjour au Liban.

Encore une fois, ce passage est motivé par la volonté française de contribuer à l’évolution de la situation politique dans le riche pays pétrolier, rongé par une guerre civile sans fin. A l’heure actuelle, celle-ci est loin d’être débloquée, puisque plusieurs conflits internes continuent de subsister. La nomination très controversée du Premier ministre Mustafa Al-Kadhimi y est pour quelque chose, puisque le personnage ne fait pas l’unanimité auprès de la société civile. Tentant de reprendre le contrôle du pays, il se heurte également à l’irritation de l’Iran et de ses alliés chiites locaux. Sa proximité avec les Américains ne suffisant guère à lui offrir les conditions optimales pour mettre en place les réformes souhaitées, c’est vers la France qu’il devra se tourner maintenant afin d’y voir plus clair.

Quoi qu’il en soit, l’intervention d’Emmanuel Macron dans le Proche-Orient, démontre une réelle volonté de redorer le blason de la politique étrangère du pays. S’étant contentée d’intervenir timidement en Syrie dans le combat contre L’Etat Islamique (Daech),   la France entend bien retrouver son statut de leader mondial et de gardien de la paix. Ceci nous amène à nous poser la question suivante : Paris aura-t-elle assez de ressources pour régler des conflits qui durent depuis des décennies ? Le moment est-t-il bien choisi pour une telle approche ? Les prochains mois nous le diront.