Les avions jouent un rôle primordial en Russie, car ils permettent de desservir son immense territoire. L’une des sanctions de l’Union européenne à l’encontre de ce pays face à son invasion de l’Ukraine porte sur ces appareils. Concrètement, ses États membres ont interdit le survol de leur territoire par les avions russes. Zoom sur les enjeux de ce blocus aérien.

Baisse de la rentabilité pour les compagnies aériennes européennes

En réponse au blocus de l’Europe, la Russie a fermé son ciel à tout avion provenant du Vieux Continent. Cette interdiction de survol a entraîné le rallongement des temps de vol vers l’Asie d’environ 2 à 3 heures pour les compagnies aériennes européennes. Les plans de vol et les plannings de repos des équipages ont dû être adaptés en conséquence. La flambée des prix du pétrole noircit davantage le tableau.

De leur côté, les compagnies qui peuvent continuer de survoler le territoire russe profitent de la situation. Tel est notamment le cas des compagnies aériennes à mi-chemin entre l’Amérique et l’Asie. Il devient en effet encore plus facile pour ces dernières de capter les passagers en transit.

Hausse des taux d’accidents inéluctable

La flotte aérienne commerciale russe est composée à environ 70 % d’appareils d’Airbus et de Boeing. Or, les deux avionneurs ont arrêté leurs activités en Russie à la suite des sanctions européennes contre le pays. Airbus a notamment suspendu l’envoi des pièces de rechange ainsi que tous ses services de soutien aux compagnies aériennes russes. Pour sa part, Boeing a stoppé la livraison de pièces détachées, la maintenance et l’assistance technique. Le géant de l’aviation a aussi fermé son bureau à Kiev.

Selon l’expert aéronautique Bertrand Vilmer, cette situation a un lourd impact à moyen terme. Il explique qu’il est impossible d’accéder à la traçabilité de la maintenance dès lors que les voies normales d’approvisionnement ne sont pas suivies. Les compagnies aériennes russes devront recourir à d’autres moyens pour disposer des pièces détachées nécessaires. Un tel processus ne permet cependant pas d’assurer leur qualité, ce qui entraînera inévitablement des accidents. Le spécialiste étaie ses propos avec l’exemple de l’Iran qui, face à un embargo, a décidé de récupérer des pièces détachées sur d’anciens avions. S’ensuivirent des défaillances ayant fait augmenter le nombre d’accidents aériens.