Ce jeudi 22 mars 2018, certains d’entre vous ont peut-être aperçu ou regardé l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy prendre la parole durant le journal télévisé de 20 heures sur TF1. Mais pourquoi cette intervention alors que l’homme n’est que peu apparu dans les médias depuis l’élection présidentielle de mai 2017 et que celui-ci est censé être retiré de la vie politique ? Nicolas Sarkozy est intervenu durant le journal de 20 heures afin de s’expliquer sur l’affaire touchant au financement libyen de sa campagne et sa garde à vue du mardi 20 mars 2018. Celui-ci a tenu à se dédouaner des accusations portées à son encontre. Mais de quoi est-il accusé exactement ? Décryptage pour mieux comprendre cette affaire qui secoue la France.

De quoi Nicolas Sarkozy est-il accusé ?

Nicolas Sarkozy est, depuis 5 ans, sous le coup d’accusations concernant le financement de sa campagne présidentielle de 2007. C’est dans le cadre de cette affaire qu’il a été placé en garde à vue et qu’il a tenu à s’expliquer devant les Français durant le journal de 20 heures. L’affaire a surgi en avril 2012, suite à la publication d’un document publié par le pure player (un journal existant seulement en ligne) Médiapart. Le média avait alors fait paraître un article accusant l’ancien chef de l’état d’être le bénéficiaire d’un don de 50 millions d’euros du gouvernement libyen. Le journal s’appuyait alors sur un document officiel libyen, daté du 10 décembre 2006 et signé par l’ancien chef des services de renseignements extérieurs de la Libye : moussa Koussa. Nicolas Sarkozy a immédiatement déclaré que ce document était un faux, mais la justice a malgré tout ouvert une enquête sur cette affaire, et travaille dessus depuis 5 ans. Depuis, de nombreux éléments ont surgi, comme autant de rebondissements dans cette affaire : accusation de Mouammar Kadhafi, ancien chef d’état libyen aujourd’hui décédé à la suite du renversement du régime, et de son fils chef des services secrets, déclaration de l’homme d’affaires sulfureux Ziad Takieddine qui aurait servi d’émissaire, ou mise en examen de Claude Guéant, ancien Secrétaire d’État de l’Élysée. Au fur et à mesure que l’enquête avance, Nicolas Sarkozy et ses proches ont été plusieurs fois interrogés, c’était le cas ce mardi, ce qui explique sa prise de parole au journal télévisé.

Quelles sont les conséquences de ces accusations ?

Ces accusations sont graves car elle concerne la campagne qui a permis à Nicolas Sarkozy de devenir président de la République en 2007. Si ce financement était avéré, cela signifierait que l’ancien chef de l’état aurait « triché », et aurait donc atteint le pouvoir de façon illégale. En effet la loi est très précise sur le financement des campagnes, qui est surveillé pour que les candidats soient sur un pied d’égalité : les financements doivent être publics, ou bien privés via des dons de particuliers, mais toutes ces opérations exigent la transparence et doivent être consignées par un mandataire financier chargé de cette tâche. Il existe également des plafonds de dépenses à ne pas franchir. De tels dons représentent donc une fraude qui passe outre ces règles, et encore plus venant d’un pays étranger. En effet, un pays tiers n’est pas censé intervenir dans la politique d’un autre pays : on appelle cela la non-ingérence. Enfin, le gouvernement libyen a été renversé sous Nicolas Sarkozy, et cette révolte a été soutenue par la France : on pourrait alors se poser des questions sur les raisons de ce choix.

C’est pour s’expliquer sur cette affaire et clamer sa non-culpabilité que Nicolas Sarkozy est intervenu au journal télévisé de 20 heures le 22 mars 2018. L’ancien chef de l’état se dit victime d’un coup monté et rappelle qu’il est présumé innocent jusqu’à ce que la justice prononce son verdict, et donc pour le moment exempt de toutes accusations. En effet, aucune réelle preuve tangible n’existe pour le moment.

 

Source photographie : Nicolas Sarkozy, France’s UMP political party presidential candidate, waves as he arrives at his election headquarters in Paris, May 6, 2007. REUTERS/Eric Gaillard (FRANCE) sous Creative commons

Source Vidéo : chaîne LCI