Une par une, les universités de France se bloquent peu à peu, tel un cri du cœur des manifestants. Provoquant tensions et affrontements, y compris au sein même de la communauté étudiante, ces blocages sont nés à cause d’une grande réforme touchant à l’accès à l’université : la loi Vidal, du nom de la ministre de l’Éducation supérieure. Cette loi vient remplacer l’ancien système de tirage au sort pour un système estimé plus juste afin de déterminer les conditions d’entrées pour les filières les plus demandées. C’est ce contre quoi luttent de nombreux étudiants, révoltés par la possibilité d’une « sélection » à l’université. Retour sur cette loi pour comprendre les raisons politiques de ce mouvement étudiant ayant lieu en France.

Qu’est-ce que la Loi Vidal ?

La loi Vidal est une loi qui cherche à réformer les modalités d’entrée à l’université, notamment dans des filières « en tension » c’est-à-dire sujettes à plus de demandes que de place. Jusqu’à maintenant, afin de départager les futurs étudiants demandeurs, on procédait à un système de tirage au sort. Cette pratique exceptionnelle, en place jusqu’à l’an dernier était jugée absurde et terriblement injuste par les étudiants, et a également été condamnée par la justice. La loi Vidal vient également remplacer la plateforme d’inscription APB (Admission Post Bac) jugée responsable de nombreux problèmes d’inscriptions et la mise au ban de nombreux bacheliers. Pour répondre à ces deux problèmes, la loi Vidal met donc en place une nouvelle plateforme d’inscription : « Parcoursup ». Sur celle-ci, les futurs étudiants peuvent s’inscrire aux différentes filières qu’ils souhaitent rejoindre, mais, grande nouveauté, les universités peuvent également mettre en place des « attendus ». Une fois ces vœux formulés, les universités répondront alors uniquement « Oui » ou « Oui si ». Dans le deuxième cas, les étudiants seront invités à suivre un parcours d’enseignement spécial pour se mettre au niveau des attendus de la fac. Enfin, dans les filières « en tension », un jeune pourra en revanche se retrouver en attente qu’une place se libère. En cas de refus, il pourra alors se voir proposer une offre la plus proche possible de sa demande, géographiquement également.

Pourquoi les étudiants sont-ils contre cette loi ?

Si la suppression du tirage au sort semble louable, de nombreuses manifestations accompagnées de blocages ont pourtant éclaté au sein des universités. Cette colère vient du fait que les universités deviennent aptes à imposer des conditions d’entrée, et à faire un « tri » entre les étudiants. De ce fait les étudiants recevant un « oui si » ou un « en attente » risquent de se voir défavoriser par rapport aux autres. Pires, certains seront tout simplement refusés par manque de places, car n’ayant pas un bagage suffisant et seront renvoyé vers d’autres filières leur correspondant peut être moins malgré une proximité toute relative. Cela porterait alors préjudice aux élèves les plus fragiles ou venant de milieux défavorisés, venant parfois d’établissement où il est plus difficile de se constituer un dossier solide. Mêmes choses pour les personnes en réorientation, ou en reprise d’étude, puisque la priorité sera donnée aux jeunes bacheliers. Selon les étudiants contestataires, c’est donc le principe même de l’université et de l’accès au savoir qui est, selon eux, bafoué par cette loi.

Là où le gouvernement souhaite rendre l’accès à l’université plus juste et moins arbitraire, certains étudiants y voient une tentative d’instaurer une sélection à l’entrée des universités, pénalisante pour certains profils. Cette différence de lectures explique les nombreux blocages et protestations ayant lieu sur les différents campus universitaires de France.

Source Vidéo : Chaîne RTL – Toujours avec vous et Mediapart
Source Photo : Hermann.Click – Rage in the street – Flickr sous licence Creative Commons