En marge de ce mardi 1er mai, jour de fête du travail, ont eu lieu de nombreux mouvements sociaux. Traditionnellement organisées à cette date, ces manifestations faisaient également écho à la contestation qui se dresse actuellement dans l’ensemble du pays, notamment quant à certains dossiers sensibles comme le démantèlement de la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes ou la large réforme visant la SNCF. Mais ces revendications, qui se veulent pacifiques et organisées par les syndicats comme la CGT, ont été perturbées par la présence de « Black Blocs », des individus masqués présents en tête de cortège, pratiquant le vandalisme et combattant de front les forces de l’ordre. Issus de la mouvance anarchiste et extrême gauche, mais aussi d’autres mouvements politiques, ils protestent contre les symboles du capitalisme et le gouvernement. Pour comprendre ce mouvement politique en France, retour sur ces manifestants d’un nouveau genre.

Un regroupement de plusieurs mouvances politiques radicales et organisées

Le « Black Bloc » est une « organisation » composée de plusieurs individus se regroupant lors des manifestations et autres mouvements sociaux. Ce terme vient d’une dénomination anciennement donnée par la Stasi de Berlin Ouest aux groupes anarchistes et autonomes, définis par des vêtements et une cagoule noire. C’est cette tenue qui, aujourd’hui encore, leur donne leur nom, mais les rend également reconnaissables dans les manifestations : toujours présents en tête de cortège, ils se rassemblent souvent de façon soudaine et portent des banderoles affichant des messages anticapitalistes et antigouvernementaux. Cette présence s’accompagne souvent de violences et de dégradations, visant ce qu’ils considèrent comme des symboles de ce contre quoi ils luttent : ce mardi 1er mai, c’est notamment un restaurant Mac Donald qui a été vandalisé. Les individus qui s’y regroupent sont issus de diverses mouvances politiques : Extrême gauche, communiste radicale, zadiste, anarchiste, animaliste… Toutefois, leurs revendications, bien que politiques, restent floues, car leur mode d’action ne donne pas de place à des portes-paroles. Ils utilisent la violence, qu’ils voient comme une alternative aux manifestations classiques, qui n’ont selon eux plus aucun impact. L’un d’eux, interviewé par le média Street Presse ,déclarait notamment : « Faire descendre des milliers de personnes dans la rue et faire grève, on voit que ça ne suffit plus à faire fléchir le gouvernement. Les syndicats reprennent les mêmes rengaines depuis quarante ans sans jamais rien changer. »

Comment s’organisent les Blacks Blocs ?

Les Black Block sont composés d’hommes et de femmes qui se mêlent aux manifestations. Si leur organisation reste encore difficile à définir, celle-ci semble en revanche parfaitement maîtrisée. Se mêlant au cortège, ceux-ci semblent revêtir leur tenue au sein de celui-ci avant de se réunir en tête de cordée, tout en s’organisant grâce à des téléphones portables et à des codes. Afin d’échapper aux contrôles, ils cachent des armes de fortune sur le tracé du parcours, qu’ils utilisent par la suite lors d’actes de vandalisme ou pour faire face à la police. Ils sont également en contact avec des avocats, qu’ils préviennent aussitôt en garde à vue. Parfois, des équipes de « premiers soins » sont également présentes, et aident les blessés, craintifs de se rendre aux urgences et de se faire arrêter à la sortie.

Ce mouvement émergent issu d’un spectre politique d’extrême gauche, dont Emmanuel Macron et Gérard Colomb ont fermement condamné les actions violentes, revendique donc une façon de manifester plus radicale et violente. Les syndicats ayant organisé les manifestations du 1er mai ont en revanche regretté leur présence, venue faire de l’ombre à leurs revendications et ternissant l’image de leur mouvement. Les violences et les affrontements ayant eu lieu ont notamment empêché le cortège de rallier son objectif par l’itinéraire prévu et ont fait fuir de nombreux manifestants pacifiques.

Source vidéo : Chaîne Le Monde